Je voudrais te parler maintenant des certitudes que la plupart des élèves en difficulté partagent au sujet du rythme.
Ce sont des certitudes qui les retiennent en arrière et qu’on aimerait vraiment (mais vraiment) voir disparaître.
Beaucoup pensent que s’ils n’ont pas le sens du rythme, c’est parce qu’ils n’ont pas commencé la musique petits.
Bien sûr que développer le sens du rythme enfant est un atout et une chance.
C’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi dans d’autres cultures autant de gens ont un bon sens du rythme.
Ils naissent et grandissent bercés par des chants et des danses. La plupart d’entre eux n’ont jamais mis les pieds dans une école de musique mais ils commencent à la pratiquer et à la vivre bien plus tôt que vous et moi.
Mais en Occident et particulièrement en France, c’est différent.
Tout le monde écoute de la musique mais nous n’avons pas cette culture de chanter et de danser ensemble.
Chez nous commencer la musique petit veut souvent dire « prendre des cours de musique » et étudier le solfège.
Je ris. Jaune mais je ris quand même.
Pour autant ça ne veut pas dire que tout espoir est perdu si tu as « commencé la musique » à l’âge adulte.
J’ai des adultes débutants qui ont instinctivement un bien meilleur sens du rythme que des élèves enfants ou adolescents.
Alors qu’ils n’avaient jamais « fait de musique » avant.
Même si tu n’as pas grandi à Cuba, tu écoutes de la musique depuis longtemps. Et si tu joues d’un instrument aujourd’hui, c’est probablement que la musique exerce un fort pouvoir d’attraction sur toi.
Pour moi le problème est ailleurs.
Le rythme, c’est quelque chose de corporel.
Ça se vit, ça se sent, ça se chante, ça se danse « comme une chanson populaire »...ou un gros riff de métal !
Ça dépends si tu préfères Claude François ou Gojira.
Or beaucoup de mes élèves en difficulté ont au moins systématiquement 4 points en commun :
👉 leur corps se tends et se rigidifie dès qu’ils commencent à jouer
👉 leur respiration se coupe dès qu’ils se concentrent sur l’exercice et sans qu’ils s’en rendent compte. Ils jouent en apnée.
👉 Ils ne chantent pas ce qu’ils veulent jouer. Ils ne le dansent pas.
👉 Ils pratiquent assis guitare en main sans jamais se préoccuper du corps.
Dans ces conditions, aucune chance de laisser couler le rythme.
Pour moi le fond du problème est ici.
J’en suis intimement convaincu parce que dès que mes élèves les plus en difficultés lâchent le cerveau 30 secondes, ils arrivent à jouer en place.
Mais creusons encore un peu plus et revenons en amont de ce problème corporel.
La plupart de mes élèves en difficulté sont convaincus d’échouer avant même de commencer l’exercice.
J’ai en mémoire cet élève une après-midi à l’école de musique.
Il arrive en cours et me fais écouter un bon vieux AC/DC, je ne sais plus lequel.
Il secoue la tête et tape du pied parfaitement en rythme alors que c’est l’élève qui me donne le plus de fil à retordre sur ce point là.
Dès que je lui demande ne serait-ce que de marcher en rythme sur un tempo, il bascule.
Je devine ce qui se passe alors dans sa tête :
« oh mon Dieu un exercice de rythme, je suis mauvais en rythme, donc je ne peux sans doute pas y arriver ».
Et là perte de moyens totale, sur un exercice tellement basique qu’on ne peut même pas simplifier : marcher en rythme.
Je n’ai jamais vécu ça moi-même pour le rythme mais je peux tout à fait comprendre ce qui est ressenti dans ces cas là car j’ai vécu ça pour les maths.
Ça porte un nom : l’impuissance apprise.
Et c’est ton pire ennemi.
C’est fou de voir à quoi ça tient, mais une bonne partie du problème est psychologique.
Je ne crois pas aux gènes ni à ce qu’on appelle l’arythmie.
En revanche l’impuissance apprise te fais faire n’importe quoi n’importe comment.
Elle t’immobilise et te rigidifie.
En provoquant la peur de l’échec, c’est elle qui te fais perdre tes moyens et qui t’enfume le cerveau.
Et c’est ce qui explique toutes les galères que vivent au quotidien les guitaristes concernés par ces difficultés à jouer en rythme.
Attention, j’active le mode caricature :
Ils n’arrivent pas à relever d’oreille les riffs qu’ils veulent apprendre.
Du coup ils passent du temps à trouver une tablature correcte sur internet.
S’ils la trouve ou s’ils croient l’avoir trouvé (parce qu’on voit des trucs parfois...), ils ne regardent que la tablature parce qu’ils ne savent pas lire les rythmes de la notation standard.
Et pour cause...
Pour eux le solfège rythmique est une sous-discipline de la magie noire dont ils sont persuadés de ne jamais rien comprendre parce qu’ils n’ont pas « commencé petit ».
Ensuite ils essayent de décrypter la tablature au culot en se remémorant vaguement comment ça doit sonner ou en écoutant la piste.
Ils partent à l’instinct sans décompte du tempo et sans débit en tête (ni dans le corps).
Au pif, à l’espoir.
La fleur au fusil comme un poilu en 1914 prêt à se faire descendre sitôt passé la tranchée...
Ce qui ne manque pas d’arriver dès la première mesure généralement.
Un coup trop tôt. Un coup trop tard. Mince ça va trop vite.
Mais bordel ça a pourtant pas l’air compliqué sur la tablature !
Et voilà comment transformer une séance qui devrait être 100% plaisir en véritable séance de torture.
Le genre de séance qui renforce ton sentiment d’impuissance et te maintiens dans un cercle vicieux.
En vrai ça suffit...
J’en ai marre de vous voir lutter avec ça.
La musique c’est affaire de passion et en temps que prof on a envie de vous voir évoluer et prendre de plus en plus de plaisir.
Bien sûr certains ont plus de facilités que d’autres mais tout le monde peut apprendre à jouer en place.
Ça tient vraiment à pas grand chose mais il faut de la méthode et des exercices.
On est là pour vous les donner et vous les faire pratiquer.
Pour ma part, c’est quelque chose qui me tient à cœur. Surtout quand on voit que les élèves sont en difficulté systématiquement pour les mêmes raisons.
Aucune méthode, aucun exercice debout sans guitare, aucune clé pour traduire les rythmes d’une tablature, aucune idée du débit.
Bref.
Tout cela s’apprend.
Il est temps de jouer enfin tes riffs en place et de signer la mort des riffs bancals avec des attaques au pif.
Et pour t'aider à y arriver, voici le programme de la formation RIFFS ROCK : La méthode infaillible pour les jouer en rythme.