Blues d'Avril
Présentation et intérêt de l’étude
Blues d’Avril est la première étude vraiment Blues de cet espace 😀 ! Je sais que beaucoup d’entre vous adorent ce style et pour ne pas trop se lasser de la Neo Soul c’est bien de faire une pause après deux études très velues dans ce style ce mois-ci 😉.
Blues d’Avril est donc un Blues en A, et on va y étudier un shuffle ultra cliché qu’il vous faut absolument maîtriser pour jouer dans ce style.
On en profitera aussi pour voir ensemble quelques voicings enrichis typiques et parler un peu du rythme.
Let's Go 🔥 !
Contexte harmonique
C’est un blues en A sous sa forme la plus simple en 12 mesures sans aucune fioriture :
A7 % % %
D9 % A7 %
E9 D9 A7 %
La progression est donc basée sur les degrés modaux du Blues I IV V.
Donc attention, le Blues est modal ! Quand on parle de I IV V, on ne réfléchi pas comme on a appris à le faire jusqu’ici en termes de tonalités.
Il ne s’agit donc pas des degrés I IV V d’une seule tonalité.
Dans un blues basique tel que celui-ci, on ne joue que sur des degrés de dominante. En quelques sortes que sur des degrés V, mixolydiens donc.
Si vous voulez absolument rattacher ça à des tonalités, le A7 (I) serait le degré V de la tonalité de Ré majeur (d’où les deux dièses à la clé de la partition).
En suivant la même logique, le D9 est le degré V de Sol et le E9 est le degré V de La.
Pour l’impro et pour savoir quelles notes utiliser, vous pouvez donc penser avec les notes des modes mixolydiens respectifs de ces 3 degrés :
Sur le A7 : A B C# D E F# G (Ré majeur, 2 altérations, F#, C#)
Sur le D7 : D E F# G A B C (Sol majeur, 1 altération, F#)
Sur le E7 : E F# G# A B C# D (La majeur, 3 altérations, F# C# G#)
Remarquez que ce sont des tons voisins dans le cycle des quartes ! Il n’y a qu’une altération d’écart à chaque fois.
Enfin, ce n’est pas le sujet principal ici vu que c’est plutôt un accompagnement, mais c’était pour refaire un point sur l’harmonie du Blues 😉.
Dernière chose au sujet des enrichissements. Quand on commence le Blues, on le joue avec des accords 7. Mais rien n’interdit bien au contraire de jouer avec les enrichissements possibles sur un degré de dominante (9,11,13) et bien sûr d’altérer ces accords.
Dans cette étude, on y va tout doux, et on verra uniquement des voicings TRÈS courants d’accords 9 et 13.
Passons à l’analyse du rythme !
Contexte rythmique
Le shuffle Blues se joue bien évidemment ternaire !
Il faut donc bien décomposer le temps en trois. Quand on joue des croches, on joue donc sur le 1er et le 3eme tiers du temps.
De façon générale, on attaque au médiator les temps en aller et les contre-temps en retour. Seulement dans le Blues, pour des questions d’attaque, il arrive qu’on joue quand même en aller même sur certains contre-temps.
Soyez attentifs aux indications de mediator sur la partition, je vous ai fait ça aux petits oignons !
Passons à l’analyse par mesure…
Analyse
Mesures 1 et 2 : La base de ce shuffle est de jouer un arpège de l’accord 7 (sans la tierce) et en palm mute en doublant chaque note.
On commence ici par la fondamentale (La), puis la quinte (Mi) puis la septième mineure (Sol).
A7 = A C# E G
Maintenant regardez bien ce qu’il se passe entre le 4eme temps de la mesure 1 et le 1er temps de la mesure 2 : tout le blues est là 🤪.
Sur le 4eme temps, on fait un bref clin d’oeil au degré IV (D), ici en jouant une simple triade majeure. C’est comme si on voulait faire pressentir l’arrivée du IV dans la grille alors qu’on est encore dans la mesure 1.
Ensuite sur le 1er temps de la mesure suivante, on passe brièvement sur un Am7 (oui oui, tierce mineure) avant de jouer le A7 pour jouer justement avec l’ambiguïté essentielle du Blues entre mineur et majeur.
Éventuellement on vient à contre-temps jouer un bout de triade de A en retour comme je le fais ici.
Si vous comprenez et passez ces deux temps (un peu technique au début), vous aurez fait un bond dans le Blues.
On termine la mesure en reprenant notre arpège à partir de la quinte, exactement comme en mesure 1 sur le même temps sauf qu’au lieu de refaire le même motif sur le 4, on joue cette fois un bout de pentatonique de La mineur.
Et oui, jouer mineur pentatonique sur un accord majeur, c’est le Blues.
A7 = A C# E G
A mineur penta = A C D E G
Faire sonner ce Do bécarre (sans altérations) par dessus cet accord avec un C#, c’est ça le blues.
Mesures 3 et 4 : Même principe ici, je commence par souligner la triade majeure de A sur le 1 et je continue sur mon arpège de base.
Notez seulement mesure 4 que ma descente est un peu plus fournie. On la joue cette fois-ci sur la gamme blues de La, c’est à dire la pentatonique mineure à laquelle on rajoute une blue note, en l’occurence ici le Eb (la quinte diminuée).
La mineur pentatonique : A C D E G
La gamme blues : A C D - Eb - E G
Notez également comment on brise la descente après le Eb pour éviter de suivre toute la gamme note à note sans varier.
Notez également comment les triolets de croches permettent de varier le débit et d’accélérer pour bien préparer l’arrivée sur le degré IV !
Mesures 5 et 6 : C’est au tour du degré IV d’entrer en piste : le D !
On aurait pu continuer le même genre de shuffle et l’adapter à ce degré mais ça aurait été monotone.
Pour changer un peu, je viens uniquement jouer avec des accords un poil enrichis, en l’occurence D9 avec différents renversements.
Notez mesure 5 comment je passe par une approche chromatique en démarrant du degré V (E9) pour venir tomber sur le D9.
Ce plan sur les deux premiers temps avec les deux croches pour préparer la descente et ensuite la descente en slides sur des chromatismes, c’est ULTRA courant.
Mesure 6 on monte en gamme de fréquence pour aller chercher un autre voicing de D9 (D9/F#) que vous devez absolument retenir : il est partout dans le blues.
On termine à nouveau la mesure par un plan pentatonique pour revenir sur le A7.
Mesures 7 à 8 : On revient sur notre base, rien de nouveau !
Mesures 9 à 10 : C’est autour du degré V d’entrer en lice : le E9.
J’utilise le même genre de procédé que pour le D9 avec les slides, mais notez comment j’utilise le chromatisme pour descendre sur l’accord suivant mesure 10.
Quand vient à nouveau le D9, juste avant les deux dernières mesures de A7 c’est le moment opportun pour créer une petite variation qui va faire sentir la fin de la grille.
En l’occurence ici, je casse mon débit de croches ternaires en jouant des accords piqués pour créer un peu de surprise.
En l’occurence ici, je casse mon débit de croches ternaires en jouant des accords piqués pour créer un peu de surprise.
Vous reconnaissez le D9, son renversement sur le F#, et pour aller encore plus vers les aigües, on va jusqu’à ajouter un bout de D7 (juste fondamentale, tierce, septième, les chord tones)…La quinte n’est pas importante. Elle n’apporte aucune couleur.
C’est là qu’il est important d’avoir bien travaillé ses accords en amont pour être capable de les développer sous n’importe quelle forme et avec n’importe quels enrichissements partout sur le manche.
Mesures 11 à 13 : On vient conclure la grille en revenant sur notre shuffle de base.
On conclue avec un peu plus de couleur en jouant un A13.
A13 = A C# E G F#
Si on était l’inquisition de la théorie, on devrait appeler cet accord A7add13 car il n’y a pas la 9eme avant la 13eme mais vous ne le verrez quasiment jamais comme ça en pratique.
Conclusion
Et bien voilà un petit blues qui fait du bien ! J’espère qu’il vous permettra de sortir des premiers shuffles un peu plus simples et de prendre plus de plaisir à jouer du Blues.
Ça vaut le coup de passer un peu de temps dessus, parce que des accompagnements Blues comme celui-ci sont vraiment extrêmement courants.
On en refera !
Bonne gratouille,
Sam